du droit sont égales, et au risque de donner ou recevoir la mort, qu’y a-t-il là de si terrible ? Qu’y a-t-il surtout d’immoral ? La mort est le couronnement de la vie comment l’homme, créature intelligente, morale et libre, pourrait-il plus noblement finir ?
Les loups, les lions, pas plus que les moutons et les castors, ne se font entre eux la guerre : il y a longtemps qu’on a fait de cette remarque une satire contre notre espèce. Comment ne voit-on pas, au contraire, que là est le signe de notre grandeur ; que si, par impossible, la nature avait fait de l’homme un animal exclusivement industrieux et sociable, et point guerrier, il serait tombé, dès le premier jour, au niveau des bêtes dont l’association forme toute la destinée ; il aurait perdu, avec l’orgueil de son héroïsme, sa faculté révolutionnaire, la plus merveilleuse de toutes et la plus féconde ! Vivant en communauté pure, notre civilisation serait une étable. Saurait-on ce que vaut l’homme sans la guerre ? Saurait-on ce que valent les peuples et les races ? Serions-nous en progrès ? Aurions-nous seulement cette idée de valeur, transportée de la langue du guerrier dans celle du commerçant ?… Il n’est pas de peuple, ayant acquis dans le monde quelque renom, qui ne se glorifie avant tout de ses annales militaires : ce sont ses plus beaux titres à l’estime de la postérité. Allez-vous en faire des notes d’infamie ? Philanthrope, vous parlez d’abolir la guerre ; prenez garde de dégrader le genre humain[1]…
M. le professeur Bouglé nous dira que cette apologie de la guerre se termine par une condamnation de la guerre. Eh ! nous le savons mieux que lui. Nous avons lu à la fin du livre la phrase que Proudhon a écrite en lettres capitales L’HUMANITÉ NE VEUT PLUS DE LA GUERRE. Mais nous savons aussi par quelle erreur, que quelques-uns d’entre nous ont connue dans leur esprit, Proudhon était arrivé à cette conclusion. Et ils savent bien, eux, que ce livre, qui se termine par une affirmation antiguerriére, demeure, de la première ligne à la der-
- ↑ P. 38-39.