Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 2, 1912.djvu/47

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sans virilité et femmes sans pudeur), effectuent savamment les mutations, les transpositions qui avantagent leur cher « moi ». Ils savent fort bien que le mariage fécond c’est, en réalité, la vie rendue plus âpre et plus difficile ; qu’il implique le renoncement aux plaisirs (aux Joies de la Vie, disent les démocrates), l’adieu souvent définitif aux distractions, l’acceptation de peines, de chagrins, de douleurs, d’angoisses. Il faut se dévouer et souffrir. Aussi les démocrates reculent-ils devant le cortège de devoirs quotidiens qui menace leur « Droit au Bonheur ».

Pour des raisons analogues, la démocratie use de plus en plus du divorce. La moyenne des divorces, qui était de 1,4 p. 100 en 1886, est aujourd’hui de 4,1 p. 100. Elle a presque triplé en 25 ans : ainsi s’est produit le « tassement » que nous promettaient les démocrates bon teint qui chaperonnèrent la loi sur le divorce. Dans les départements urbains, on approche de 10 divorces pour 100 mariages.

Tous ces faits liés s’expliquent très bien quand on songe que la démocratie est d’essence urbaine. L’idéal démocratique, il n’est point dans les « nuées ». Il n’est que le reflet de l’existence des citadins désœuvrés. Il postule la vie facile, les agréments, les commodités de l’existence, une liberté anarchique, la réduction du temps de travail, l’accroissement indéfini des loisirs.

Conséquence inéluctable : au fur et à mesure que se développe la démocratie, on est certain d’assister au déracinement des ruraux et à leur ruée vers les villes. De fait, en France, malgré notre faible natalité, les départements urbains continuent à s’hypertrophier aux dépens des campagnes saignées à blanc.

La Seine, où les décès surpassent les naissances, augmente cependant sa population de 305 424 âmes en cinq