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sorel et l’architecture sociale

sociaux que nous conduisions au silence, c’était aussi leurs complices, les philanthropes et les hommes du Devoir, je veux parler de ces solennels farceurs qui ont entrepris d’opposer aux volontés ouvrières leurs bons sentiments, qui veulent moraliser les classes bourgeoises et les classes ouvrières, en prêchant à celles-ci la douceur et la patience, à celles-là la bonté et la générosité ; qui répondent aux demandes d’augmentation de salaires par de scandaleuses interprétations de paroles bibliques, et qui font des conférences, des discours, des ligues dont quelques aigrefins emportent régulièrement la caisse. — C’était enfin les réformateurs de cabinet et de salon qui ont fait de l’action sociale un moyen de parvenir soit à une chaire, soit au mariage riche, et dont toute l’action s’est exprimée dans une littérature de prix académiques et dans des réunions de « l’élite ouvrière », entendez de sages ouvriers, de bons petits employés, doux et courtois envers les personnes des classes supérieurs, et qui étaient pris le plus souvent parmi ce bas monde de pieds-plats qui veulent sortir de l’atelier ou du bureau par la bassesse, l’hypocrisie, ou le mouchardage. Rêveurs sociaux, Utopistes, Intellectuels de la Sociale, Amis du peuple, Organisateurs de mécaniques sociales, Hiérarques de la Sorbonne, exploiteurs des poussées de sang et des rêves humains, voilà les monstres que Sorel a détruits. C’est une œuvre puissante. Songez que tout ce peuple de larves encombrait les avenues de nos cités. Songez que la nation française accordait à ces débris de l’humanité, il n’y a pas vingt ans, un prestige considérable. Aujourd’hui, c’est fini. Tout le papier imprimé où ont été fixées les divagations des architectes sociaux est abandonné aux archivistes. Cela ne servira plus qu’à faire