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la famille chez proudhon et dans la démocratie

nelles et si, en particulier, la famille reste debout, plus que jamais respectée et honorée. En elle, nous trouverons la possibilité et la garantie des progrès sociaux les plus hardis. »

Telles sont les pensées qui se déroulent naturellement dans l’esprit du syndiqué qui réfléchit.

Tout irait donc pour le mieux : la lutte pour le droit pourrait se dérouler sans démagogie comme sans faiblesse si, à ce moment, le syndiqué ne rencontrait ses deux pires ennemis qui se donnent l’un et l’autre pour ses dévoués sauveurs : j’ai nommé le socialiste politicien et l’anarchiste.

Pourquoi le syndiqué suspecterait-il le politicien socialiste et l’anarchiste ? Il n’a rien contre eux. Ils ont gagné sa confiance en prononçant d’abord un certain nombre de paroles anticapitalistes qu’il sait justes. Bien disposé, il écoute avec intérêt la suite des discours qu’on lui tient. Il apprend ainsi que la morale est tout simplement un ensemble de préjugés hypocrites contre lesquels il est bien de se révolter ; que la famille a évolué et évoluera encore ; qu’avoir des enfants c’est faire le « jeu des capitalistes » : que les liens du mariage sont de pesantes chaînes que l’être vraiment libre, vraiment fort ne doit pas craindre de rompre. etc., etc. »

Cet enseignement qui réussit n’a, remarquez-le, rien de prolétarien. Dirai-je qu’il est bourgeois ? Non. Ces lignes de Proudhon ont plus de vérité aujourd’hui qu’il y a un demi-siècle : « Il n’y a plus de bourgeoisie, il n’y a même pas de quoi en former une. La bourgeoisie, au fond, était une création féodale, ni plus ni moins que le clergé et la noblesse. Elle n’avait de signification et ne pourrait en retrouver une que par la présence des deux premiers ordres, les nobles et les clercs ».

Très précisément, cet enseignement est donné par