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la famille chez proudhon et dans la démocratie

et plus notre adversaire s’assurera sur nous le double avantage de la qualité et de la quantité.

Serons-nous du moins mieux armés que notre adversaire ? Rien ne nous le garantit. Nous retombons encore sur la famille. C’est elle qui fournit de nouveaux contribuables venant soulager leurs congénères. Nous agonisons nous le poids de la paix armée ; l’Allemand le supporte sans fléchir.

Dans la voie de la production agricole, nous sommes progressivement distancés par tous nos concurrents. Nos exportations fléchissent et notre marché intérieur serait depuis longtemps envahi par les produits de l’étranger si la démocratie ne protégeait l’électeur dans le paysan français.

On se plaint de l’invasion des métèques. À qui la faute ! À nous d’abord qui n’avons personne pour les suppléer.

Le progrès agricole, comme l’a bien vu M. G. Sorel, ne consiste pas seulement dans l’emploi d’instruments perfectionnés et dans l’usage des engrais chimiques. Le type de l’agriculture hautement progressive nous est fourni par le jardinage qui est une industrie biologique demandant une main-d’œuvre très abondante, très instruite et fort habile. C’est vers lui que nous devrions tendre. Or, nous nous en éloignons.

Pourquoi donc ? Parce que la main-d’œuvre nous manque, parce que la famille s’éteint. Le paysan, aujourd’hui, fait sa partie dans le concert démocratique. Il va, il vient, il circule. Il devient peu à peu un excellent démocrate. De plus, ceux qui ont quitté le village y reviennent de temps à autre pour corrompre le cultivateur en lui vantant, en lui enseignant les pratiques de ces « sacrés malins » que sont les gens de la ville.

Je sais peu de spectacles aussi poignants que celui de