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notre première année

du 10 avril, sur « le retour à Proudhon », et après avoir énuméré, à côté de quelques noms d’importance, les patronymes obscurs de dix ou douze fabricants de thèses qui ont écrit, eux aussi, sur Proudhon, il s’est étonné que Proudhon inspire « le demi-quarteron de néo-royalistes que dirige l’écrivain et politicien (?) connu, M. Charles Maurras ». On conçoit aisément qu’un homme qui fait partie d’une ligue aussi nombreuse que la Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen puisse parler sur ce ton de dédain forcé de la Ligue d’Action Française. Il est peut-être vrai que la Ligue des Droits de l’Homme compte plus de membres que l’Action Française ; mais nul ne contestera que la ligue à laquelle appartient M. Maxime Leroy a infiniment moins d’importance, dans la vie publique, que le « demi-quarteron de néo-royalistes » où les membres actifs du Cercle Proudhon qui font partie de l’Action Française font déjà un double quarteron. Mais on ne peut demander à un rat de bibliothèque de savoir ce qui se passe dans les ateliers français, qu’il ignore, ni dans la rue, où il ne descend que pour aller chez les marchands de papier.

Il faut dire aussi que ce pauvre M. Leroy appartient à la race des lièvres bourgeois. C’est un bourgeois qui croit à la Révolution sociale et qui la redoute, ou qui craint au moins la violence ouvrière, et qui cherche la protection de ceux dont la force l’effraie, non sans tenter d’ailleurs de la diminuer et de la ramener doucement sous la direction du parti intellectuel. Si vous voulez vous en convaincre, lisez ce morceau, où je vous recommande l’incidente sur le fléchissement des grèves et, par ailleurs, le portrait effrayant de Proudhon :

On concevra combien sont illégitimes les sympathies des royalistes et de certains radicaux, nos superficiels contemporains, qui ne retiennent de Proudhon que des points de vue épisodiques, en se refusant à rien garder de ses rudes sympathies pour la classe ouvrière, tout en rejetant le principe d’égalité mortel à tout gouvernementalisme, régalien ou démocratique.

En réalité, Proudhon ne devrait être revendiqué légitimement que par les syndicalistes, qui d’ailleurs l’ignorent assez communément. Sans doute fut-il adversaire des grèves et de la violence, mais cela