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NOTRE PREMIÈRE ANNÉE

que sont les nations, et devant être finalement impuissant à conserver la civilisation ; j’eus personnellement l’honneur de présenter au Cercle cette thèse que « toutes les institutions qui s’élèvent dans l’économie doivent être jugées, non selon le rendement qu’elles procurent aux capitaux, mais selon les protections qu’elles assurent au sang des nationaux ». Ces critiques et ces affirmations seront reprises et développées par chacun de nous, au cours des prochaines conférences qui seront presque toutes consacrées à l’étude et à la critique du rôle de la Finance dans le monde moderne. Mais on en voit dès aujourd’hui le principe général : À l’économie de l’Or, où nous vivons depuis un siècle et demi, nous opposons l’économie du Sang.

Et, nous le répétons, cette opposition ne doit pas demeurer pour nous purement intellectuelle. Nous nous regarderions, je pense, avec quelque mépris, si nos travaux ne devaient avoir d’autres résultats que de nous amener à constituer une petite ou grande école de nouveaux économistes et à enrichir de quelques ouvrages la bibliothèque du Musée funéraire de la rue Las-Cases. En vue de l’action, avons-nous dit en ouvrant nos travaux. Nous en avons donné une première preuve en dénonçant et en arrêtant net la manœuvre tentée contre le nationalisme et le syndicalisme au moment des incidents policiers provoqués par une retraite militaire devant la Bourse du Travail de Paris. Nous en avons donné une seconde le 1er mai 1912, à notre première réunion extraordinaire[1], en proposant aux représentants de la noblesse française une alliance contre la ploutocratie. Remercions hautement ici ceux qui ont, ce jour-là, reconnu notre pensée profonde sous l’enveloppe un peu rude où nous la présentions. Si le comte Eugène de Lur-Saluces avait accepté la présidence d’honneur de notre réunion, si Mme la marquise de Mac-Mahon assistait notre ami Octave de Barral, président effectif, c’est qu’ils reconnaissaient dans notre manifestation une affirmation de la solidarité nationale que nous voulons opposer à la solidarité capitaliste.

  1. Les Salons, les Châteaux et le Peuple français. Réflexions sur le rôle de la noblesse française dans le monde moderne. Cette conférence a été publiée dans la Revue d’Action française du 15 mai 1912.