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des Français des autres provinces ? C’est là une question embarrassante à laquelle pourraient seuls répondre péremptoirement des spécialistes en la matière. Si, pour se renseigner, on consulte la Grande Encyclopédie au mot « Normand », on y découvre, décochés aux Normands, des traits que l’on peut hésiter à rapporter. Je me risque cependant à le faire, après avoir prié de croire que je n’y mets aucune malice. Donc, d’après ce savant ouvrage : réconciliation normande, signifie « fausse réconciliation » ; réponse normande signifie « réponse ambiguë » ; répondre en Normand, signifie « ne dire ni oui ni non ». Dire de quelqu’un : c’est un fin Normand cela veut dire : « C’est un homme adroit et fort enclin à tromper ». D’après un dicton : « Un Normand a son dit et son dédit », ce qui signifie que les Normands sont sujets à manquer de parole. D’après un autre dicton : « 99 pigeons et un Normand font cent voleurs » — Boutades que tout cela, charges exagérées ? C’est plus que probable. Qui oserait affirmer que le Tartarin d’Alphonse Daudet soit un miroir si fidèle que tous les Tarasconnais s’y reconnaissent ? Les Tarasconnais sont les premiers à sourire des galéjades spirituelles de Tartarin. Sans doute les Normands sourient-ils pareillement des traits qu’on leur décoche et autorisent-ils ainsi les Canadiens français, fiers de leur ascendance normand, à sourire, eux aussi, devant le miroir et à ne pas