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le château d’Atis, en Vermandois ; il lui fit donner une éducation soignée et l’épousa.

Clotaire se montra un époux brutal, infidèle, cruel. Pour s’assurer la couronne de Thuringe, il fit périr un frère de sa femme. Alors Radegonde qui avait cherché en vain à amener son époux à des mœurs meilleures, à une conduite plus digne et à des sentiments plus chrétiens, se décida à se séparer de lui. Elle se retira à Noyon, en Haute Picardie, où elle obtint, à force d’instances, que l’évêque, saint Médard, la consacrât à Dieu. Puis elle s’enfuit à Orléans, gagna successivement Tours et Chinon et enfin, attirée par la renommée de l’église de Saint-Hilaire, partit pour Poitiers.

Tandis qu’elle s’y rendait, poursuivie aux alentours de la ville par le roi, qui voulait la contraindre à reprendre la vie commune, elle passa près d’un champ qu’un paysan ensemençait d’avoine. « Si on vous demande, lui dit-elle, si vous m’avez vu passer, vous répondrez que vous n’avez vu personne depuis que vous semiez cette avoine ». Et l’avoine de grandir et de pousser tout de suite si haut autour d’elle que la fugitive se trouva cachée et put ainsi échapper à la poursuite. Laissée enfin libre par Clotaire de se consacrer à la vie religieuse, Radegonde, reine des Francs, se fixa définitivement à Poitiers où elle bâtit le monastère de Sainte-Croix dont elle fut la première abbesse et où elle mourut en 587.