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pour être porté triomphalement, à l’extrémité d’une perche, en tête des processions générales.

« Cette apparition réjouissait sans doute les Poitevins qui décoraient la carcasse du monstre de banderoles de diverses couleurs, ornaient sa queue de rosettes et lui jetaient dans la gueule des casse-museaux dorés. La Grand’Goule était pour le peuple l’objet quasiment le plus important de la procession. Les bonnes femmes s’agenouillaient et joignaient les mains sur son passage, plusieurs même profitaient du moment où la Grand’Goule se trouvait à leur portée, le long du mur de la cathédrale, avant que la procession ne s’ébranle, pour aller frotter des chapelets et autres objets sur ses écailles, en s’écriant dévotement : « Bonne sainte vermine, priez pour nous ».

À ces renseignements fournis par Mme Francine Poitevin, ajoutons que, d’après certains, la Grand’Goule serait un symbole de l’hérésie terrassée par la Croix. D’après d’autres ce serait la reproduction caricaturale d’une bête sauvage qui ravagea la contrée et y sema la terreur et épouvante et contre les maléfices de laquelle le peuple crut se préserver en prodiguant à son effigie une sorte de culte. S’il faut en croire une inscription qu’elle porte au cou, l’effigie existante de la Grand’Goule daterait de l’année 1677. Elle fut longtemps dans la bibliothèque du séminaire de