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livrer la capitale du Poitou le jour de Pâques suivant, tandis que les habitants célébreraient la fête à l’église. Le prix du forfait fut fixé à mille livres en monnaie de France, dont ils lui avancèrent une partie.

Le texte en vieux français qui narre l’histoire est plein de saveur. En voici, en français moderne, le récit aussi rapproché que possible du texte primitif. Le clerc retourna à Poitiers et se montra plus diligent que jamais envers le Maire, son maître, afin de plus aisément le trahir. Les Anglais se préparèrent pour se trouver là la vigile de Pâques à minuit, en prenant leurs précautions afin que les poitevins se fussent pas avertis de leur approche. La nuit venue, le maire se coucha, après avoir mis derrière son chevet de lit toutes les clefs des portes de la ville, ainsi qu’il avait accoutumé de faire. Le déloyal serviteur qui avait libre accès en tout temps dans la chambre de son maître, voyant celui-ci endormi, se présenta pour dérober les clefs de la porte dite de la Tranchée, celle où il devait les remettre aux Anglais. À sa grande surprise, il ne les trouva pas ni là ni nulle part ailleurs dans la maison dont il connaissait tous les lieux secrets.

Il imagina alors que le lendemain matin, quand il se ferait remettre les clefs, il feindrait d’aller les porter au gardien des portes mais il les déroberait et il irait ouvrir lui-même, avant que les