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portiers ne vinssent chercher les dites clefs. Ceci décidé, il se rendit aux remparts où il se montra aux Anglais et d’où il leur jeta un écrit dans lequel il leur mandait qu’ils attendissent jusqu’à quatre heures du matin et que, lui, ne faillirait pas à ses promesses.

L’heure dite étant sonnée, le clerc réveilla son Maître et lui déclara que les portiers de la porte de la Tranchée réclamaient les clefs. Le Maire répondit qu’il était encore trop matin. Le serviteur insista, affirmant qu’il y avait un gentilhomme qui voulait sortir tout de suite pour se rendre vers le roi de France Philippe-Auguste. Le Maire le crut et voulut prendre les clefs des portes de la Tranchée, mais il ne les put trouver. Il en fut effrayé. Les ayant cherchées partout, il se douta de la trahison. Il manda incontinent à plusieurs des habitants qu’ils allassent en armes aux portes, ce qu’ils firent, et spécialement à celle de la Tranchée, parce que c’était la plus exposée au danger, la ville n’étant pas protégée en cet endroit par la rivière. Ils y virent de l’autre côté les Anglais qui s’entre-battaient. Le pauvre Maire, toujours effrayé, courut recommander la ville à Dieu et à la benoîte Vierge Marie, en son église de Notre-Dame-la-Grande. Or, quand il fut devant l’image de Notre-Dame, il vit entre ses bras les dites clefs, ce dont il rendit grâce à Dieu et plusieurs gens de bien, qui étaient avec lui.