Page:Caillot - Voyage religieux et sentimental aux quatre cimetières de Paris, 1809.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tu occuper, après les autels de nos temples, que ces tombes où reposent les corps qui furent arroses du sang du Christ, ce fils bien-aimé et ce tout-puissant médiateur entre Dieu et l’homme ? Combien tu rends vénérables et précieux ces restes de l’homme, si méprisables aux yeux du matérialiste qui n’y voit que de vains ossemens, et une boue dégoûtante qui doit se confondre pour toujours avec cette terre destinée au néant, comme elle le fut à la création !

O empire admirable et tout-puissant de la religion sur les esprits et sur les cœurs ! quelles douces et sublimes larmes elle me fait répandre sur ces sépulcres, que le sophiste ne contemple que d’un œil sec et dédaigneux ! et combien une tombe qui porte l’empreinte d’une croix me présente un caractère plus sublime et plus auguste que celle qui ne me peut rien apprendre sur la croyance de l’homme dont elle couvre la dépouille !

J’ai parcouru en pleurant les campagnes de ma patrie, de l’Helvétie et de la Germanie, et j’ai visité les cimetières des villages et des hameaux par où j’ai passé : partout j’ai vu des tombeaux élevés par la religion ; partout j’ai vu dans les champs où reposoient les dépouilles des labou-