Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/14

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dre ; ils détestent le jeu, la débauche, ne contractent point de dettes, ne mangent point le bien d’autrui, et n’ont jamais fait de bassesse. Toujours tranquilles, toujours bienfaisants, ils sont à double titre, et les plus anciens, et les plus nobles animaux de l’univers.

Cette noblesse des ânes est si authentique, si avérée, que nous lisons dans le douzième recueil des Lettres édifiantes, qu’il y a à Maduré, une tribu considérable d’indiens qui leur portent le plus grand respect (c’est la tribu ou caste des Cavaravadouques). Ceux de cette caste, traitent les ânes comme leurs frères, prennent leur défense, poursuivent en justice, et font ordinairement condamner à l’amende, quiconque les charge trop, ou les bat et les outrage sans raison et par emportement. Dans un temps de pluie ils donneront le couvert à un âne, et le refuseront à son conducteur, s’il n’est d’une certaine condition.

Ces distinctions, ce respect, ces égards, viennent de l’idée sublime qu’ils se sont formés de la noblesse de l’âne ; c’est parmi