Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/16

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L’éducation qu’on donne aux autres animaux ne les rend pas souvent meilleurs. Néron en est un exemple frappant. Senèque et Burrhus avaient tâché de lui inspirer toutes les vertus qui contribuent à former un honnête homme et un grand prince : il devint le plus scélérat des mortels. L’âne ne reçoit aucune éducation, il n’en devient pas plus méchant. Convaincu intérieurement qu’il est nécessaire que chaque individu soit bon, pour que tous soient heureux, il plie sous le joug de la nécessité, et paraît indiquer par sa résignation, le chemin qu’il faut prendre pour arriver au bonheur suprême.

Si l’on néglige de former le cœur de l’âne, on n’apporte pas plus de soins pour lui former l’esprit et le corps. C’est, dit-on, un lourdaud, un imbécile ; il ne peut rien faire, on ne saurait rien lui apprendre. On a tort : c’est un diamant qui est encore dans la forme qu’il a reçue de la nature : s’il n’est pas brillant ce n’est pas sa faute, il est ce qu’il doit être.

Le fils d’un financier fait des armes, touche du clavecin, danse avec légèreté,