Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/77

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pieds, ou qu’ils sont si petits, si petits, que ce n’est pas la peine d’en parler. Malheur à celles à qui la nature en a donné de bien dodus, on les pressera, on les gênera, jamais ils ne verront le jour. Aussi, pourquoi les cordonniers n’ont-ils pas l’esprit de les rendre invisibles ? À coup sùr, ce sont des sots.

On devine aisément que n’ayant pas de pieds, ou du moins feignant de n’en pas avoir, il n’est pas possible que les Babyloniennes puissent marcher : elles ne sont pas faites pour cela. On les accuse cependant d’être toujours en mouvement, de ne pouvoir rester un seul moment à la même place : cela n’est pas surprenant, une girouette doit tourner au moindre vent.

Ces qualités extérieures sont soutenues par des caprices sans nombre, un million de grimaces, et un babil sans fin. Elles se détestent réciproquement, et ne se plaisent qu’avec les ânes du même pays. Elles leur font accroire qu’elles sont les créatures les plus parfaites, les plus accomplies qui soient dans l’univers. À force de l’entendre répéter, ces ânes s’i-