Page:Cajot - Éloge de l’âne.djvu/89

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Où trouvera-t-on dans l’univers, un animal[1] qui réunisse à la fois des propriétés si grandes, si variées ? Les anciens faisaient des flûtes avec des os d’ânes, et les trouvaient admirables. Les turcs font avec sa peau du chagrin ; les chinois de la colle ; les français des cribles ; et partout des souliers, des timbales, des tambours.

À l’égard de la chair de l’âne, quoi qu’en dise le très-vénérable Galien, elle n’est point dangereuse ; celle des ânons a même toujours passé pour très-délicieuse. Est-elle fraîche ? On croit manger du

  1. Albert, le grand Albert, assure très-fermement, qu’on ne verrait jamais la fin des semelles des souliers qui seraient faites avec les endroits de la peau de l’âne, endurcis par les fardeaux qu’il porte. Pour moi, j’assure qu’il y a plus d’un savant qui a dit des sottises, sans compter ceux qui en ont fait à l’égard de la chair… Voyez Orose, liv. VII, ch. 37, et Aulugelle, liv. VII, ch. 15. Les viandes les plus recherchées, étaient les paons de l’île de Samos ; les faisans de la Phrygie ; les grues de l’île de Milo ; les chevreaux d’Ambracie ; les jeunes thons de Calcédoine, les lamproies de Tartefe ou Tarifa ; les ânons de Pessinunte ; les huîtres de Tarente, etc.