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MAISON À DEUX PORTES.

don félix, appelant.

Un flambeau donc ! vive Dieu ! un flambeau !

herrera, du dehors.

On y va !

marcela, à part.

Que deviendrai-je alors ?

don félix.

Vous ne dites rien ? — Mais non, vous êtes convaincue et n’avez rien à dire… — Le flambeau !

Don Félix lâche la main de Marcela, elle s’éloigne. Laura s’approche et se place entre Marcela et don Félix.
marcela, à part.

Oh ! si je pouvais trouver la porte, je serais sauvée !

don félix, saisissant Laura par la main.

Arrêtez ! ne fuyez pas !… D’ailleurs vous n’avez pas besoin de fuir ; toute la vengeance que je veux, c’est que vous sachiez que je suis instruit.

laura, à part.

Il me prend pour l’autre. Taisons-nous jusqu’à ce qu’on apporte de la lumière ; il verra alors que c’est moi.

marcela, à part.

Enfin, malgré mon trouble, j’ai trouvé la porte de mon appartement ; qu’il me serve de refuge !

silvia, bas, à Marcela.

Êtes-vous Laura ?

marcela, bas, à Silvia.

Non, je suis Marcela. Mais toi, tu es Silvia ?

silvia, de même

Oui, madame. Qu’est-ce ceci ?

marcela, de même.

Mille accidens fâcheux… Viens, je te les dirai. Viens vite, Silvia, et fermons cette porte.

Elles sortent et ferment la porte sur elles.


Entre HERRERA d’un autre côté avec un flambeau.
herrera.

Voici le flambeau.

don félix.

Bien. Va-t’en, et veille au-dehors.

Herrera sort ; don Félix va fermer la porte derrière lui.
laura, à part.

Il sera bien surpris quand il me verra.

don félix, revenant.

Eh bien ! Laura, vous voyez devant vous le seul homme qui jamais ait veillé sur le rendez-vous de son rival.

laura, à part.

Il n’est pas plus embarrassé à ma vue que s’il était innocent.