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JOURNÉE I, SCÈNE II.

doña mencia.

Alors, partez.

don gutierre.

Adieu, doña Mencia.

doña mencia.

Adieu, don Gutierre.

Il sort.
jacinthe.

Vous êtes bien triste, madame.

doña mencia.

Ah ! Jacinthe, qui ne le serait à ma place ?

jacinthe.

Les événemens de la journée paraissent vous avoir laissé une inquiétude, un trouble…

doña mencia.

Et ce n’est pas sans raison. Si tu savais !

jacinthe.

Qu’y a-t-il donc, madame ?

doña mencia.

Non, rien.

jacinthe.

Confiez-vous à moi, de grâce !

doña mencia.

Tu veux que je te confie ma vie et mon honneur !

jacinthe.

Vous le pouvez, madame.

doña mencia.

Eh bien ! écoute.

jacinthe.

Dites.

doña mencia.

Tu n’ignores pas que je suis née à Séville. — C’est là que don Henri, — je te parle de l’infant, — c’est là que don Henri me rendit des soins en secret pendant plusieurs années. Il fut obligé de s’éloigner. Alors don Gutierre se présenta, et mon père, abusant de son autorité, me contraignit à l’épouser. — Maintenant, que te dirai-je ? L’infant est de retour ; il m’aime, et moi j’ai de l’honneur. — Ah ! Jacinthe !…

jacinthe.

Eh ! madame, ne vous chagrinez pas pour si peu. Vous connaissez ce proverbe castillan : — Il y a remède à tout, fors à la mort.

Doña Mencia et Jacinthe sortent.