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JOURNÉE II, SCÈNE II.

Entre DOÑA MENCIA.
doña mencia.

Seigneur ! seigneur ! au secours !

don gutierre.

Dieu me protège ! Qu’est-il arrivé ? qu’y a-t-il ?

doña mencia.

Un homme…

don gutierre.

Un homme !… un homme, dites-vous ? où est-il, cet homme ?

doña mencia.

Je l’ai trouvé caché dans mon appartement… 11 était debout… enveloppé dans son manteau jusqu’aux yeux… Je n’ose plus y retourner…

don gutierre.

Quoi !… un homme ! un homme ici ! Je ne sais quelle secrète épouvante a saisi mon cœur. — Vous l’avez vu, cet homme ?…

doña mencia.

Je l’ai vu, seigneur.

don gutierre.

Et moi je vais le voir. (À Coquin.) Prends ce flambeau.

coquin.

Moi, seigneur ?

don gutierre.

Prends, te dis-je.

coquin.

Mais, seigneur, peut-être qu’il n’y a personne.

don gutierre.

Ne crains rien, puisque tu viens avec moi.

doña mencia.

Ne pressez point ce vilain lâche. Tirez votre épée, je marche devant vous. (Elle prend le flambeau et le laisse exprès tomber à terre.) mon Dieu ! le flambeau m’est échappé !

don gutierre.

Il ne manquait plus que cela !

Entrent L’INFANT et JACINTHE, qui traversent la chambre.
don gutierre.

Mais j’irai sans lumière.

Il sort.
l’infant.

Où me mènes-tu, Jacinthe ?

jacinthe.

Suivez-moi sans peur ; je connais bien la maison.

L’Infant et Jacinthe sortent.
coquin, à part.

Où irai-je, moi ?