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LE MÉDECIN DE SON HONNEUR.

don gutierre.

Et si, de retour à ma maison, je surprends une lettre par laquelle on prie l’infant de ne pas s’éloigner !

le roi.

Il y a remède à tout.

don gutierre.

Est-il possible qu’il y en ait un à cela ?

le roi.

Oui, Gutierre.

don gutierre.

Lequel, sire ?

le roi.

Le vôtre même.

don gutierre.

Et quel est-il ?

le roi.

La saignée !

don gutierre.

Que dites-vous ?

le roi.

Je dis que vous fassiez nettoyer la porte de votre maison, car on y voit empreinte une main ensanglantée.

don gutierre.

Sire, ceux qui exercent un office public ont coutume de placer au-dessus de leur porte un écu à leurs armes. Mon office à moi, c’est l’honneur. Et c’est pourquoi j’ai mis au-dessus de ma porte ma main baignée dans le sang, parce que l’honneur, sire, ne se lave qu’avec du sang.

le roi.

Donnez donc votre main à Léonor ; je sais qu’elle en est digne.

don gutierre.

J’obéis. — Mais considérez bien qu’elle est tachée de sang, Léonor.

doña léonor.

Peu m’importe, je n’en suis ni étonnée ni effrayée.

don gutierre.

Considérez, Léonor, que j’ai été le médecin de mon honneur, et que je n’ai pas oublié ma science.

doña léonor.

Avec elle vous guérirez ma vie, si elle devient mauvaise.

don gutierre.

À cette condition, voilà ma main.

tous les personnages.

Ainsi finit le Médecin de son honneur. Pardonnez-en les nombreuses imperfections.


FIN DU MÉDECIN DE SON HONNEUR.