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LA DÉVOTION À LA CROIX.

s’il ne satisfait pas toujours une raison exacte, du moins s’adresse-t-il vivement à l’imagination et à l’âme.

Dans un passage de cette comédie où il est question du pape Urbain III, Calderon nous avertit que la scène se passe vers les commencemens du treizième siècle ; mais par les idées, les sentimens, les mœurs, le costume, ses personnages sont des Espagnols de la fin du seizième. Pourquoi donc Calderon a-t-il indiqué à ses spectateurs une époque aussi reculée ? Ne serait-ce pas pour leur montrer un lointain plus poétique, et par là frapper plus fortement leur imagination ?

La Dévotion à la Croix, qui a eu pour traducteur en Allemagne le célèbre W. Schlegel, n’avait pas encore été traduite en France. Cependant elle ne peut pas y être tout-à-fait inconnue. Un de nos critiques les plus distingués, qui joint à des connaissances étendues, à un sentiment vif et délicat des beautés de l’art un remarquable talent d’exposition, M. Philarète Chasles, en a donné, il y a quelques années, dans la Revue de Paris, une analyse très-ingénieuse et très-éloquente.