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JOURNÉE II, SCÈNE I.

étudiant, ou quelque quêteuse charitable[1] ; car ça n’a jamais manqué. Mais, hélas ! c’est ma faute à moi.

une voix du dehors.

J’entends parler de ce côté ; venez vite.

gil.

Soyez le bienvenu, seigneur, si vous voulez me faire le plaisir de dénouer quelques nœuds qui me gênent.

menga.

Si par hasard, seigneur, vous cherchez de la corde dans la montagne, j’en ai à votre service.

gil.

La mienne est plus grosse et plus forte.

menga.

Moi, en ma qualité de femme, on me doit protection et secours.

gil.

Il s’agit bien de galanterie ! C’est moi que l’on doit délier en premier.


Entrent TIRSO, BLAS, CURCIO et OCTAVIO.
tirso.

J’ai entendu la voix de ce côté.

gil.

Vous brûlez[2].

tirso.

Qui est-ce ?… C’est toi, Gil ?

gil.

Oui, Tirso, le diable est malin. Délie-moi, et puis je te conterai tout.

curcio.

Que s’est-il donc passé ?

menga.

Soyez le bienvenu, seigneur, pour punir le scélérat.

curcio.

Qui vous a mis en cet état ?

gil.

Qui ?… Eusebio. Du moins il s’est nommé ainsi. Bref, qui que ce soit, voilà comme il nous a laissés.

tirso.

Ne pleure pas, car il s’est conduit généreusement avec toi.

blas.

Il ne s’est pas mal conduit, puisqu’il t’a laissé Menga.

  1. L’espagnol dit Santera. C’est une femme qui quête pour la saint d’un ermitage. Elle parcourt la contrée aux environs, portant une image du saint qu’elle présente à l’adoration de tous ceux qu’elle rencontre, et demande, pour l’entretien de l’ermitage, une légère offrande qui est rarement refusée.
  2. Gil, le bouffon, emploie exprès la formule dont on se sert au jeu de cache-cache quand le chercheur approche de l’objet qui a été caché.