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LA DÉVOTION À LA CROIX.

Entrent MENGA, BLAS, TIRSO, et d’autres Paysans,
menga.

Suivons-les ! suivons-les !

blas.

Il ne faut pas qu’il en reste tant seulement un en vie.

menga.

En voici un qui s’est caché de ce côté.

blas.

Mort au voleur !

gil.

Songez que je suis…

menga.

Nous voyons bien à vos habits que vous êtes un brigand.

gil.

Mes habits sont des drôles qui en ont menti.

menga.

Frappe-le !

blas.

Donne-lui son affaire.

gil.

Je ne demande rien. Je vous prie seulement de remarquer…

tirso.

Nous n’avons rien à remarquer. N’êtes-vous pas un brigand ?

gil.

Mais non : je suis Gil, voué au Christ.

menga.

Pourquoi ne l’as-tu pas dit plus tôt.

tirso.

Pourquoi ne parlais-tu pas ?

gil.

C’est qu’au contraire, voilà une heure que je me tue à vous crier que je suis Gil.

menga.

Que fais-tu là ?

gil.

Ne le vois-tu pas ? j’offense Dieu dans le cinquième commandement[1]. Je tue à moi seul plus de monde que deux médecins dans les grandes chaleurs de l’été.

menga.

Quel est ce costume ?

gil.

C’est le diable !… J’en ai tué un et j’ai endossé ses habits.

menga.

Mais comment se fait-il qu’il ne soit pas taché de sang puisque tu l’as tué ?

  1. Le cinquième commandement dit : tu ne tueras point.