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JOURNÉE III, SCÈNE II.

crespo.

Et le motif ?

l’étincelle.

Il est excellent.

crespo.

Et quel est-il ?

l’étincelle.

Je suis enceinte !

crespo.

Quelle impudence ! Mais ne nous emportons pas. N’êtes-vous pas un page d’infanterie ?

l’étincelle.

Non, seigneur, de cavalerie[1].

crespo.

N’importe ! Décidez-vous à faire vos déclarations.

l’étincelle.

Nous déclarerons tout ce qu’on voudra, et plus que nous n’en savons ; le pis serait de mourir.

crespo.

Cela vous sauvera tous deux de la torture.

l’étincelle.

Puisqu’il en est ainsi, comme ma vocation est de chanter, je chanterai, vive Dieu !

Elle chante.

On veut me donner la torture.

rebolledo, il chante.

Et à moi que me donnera-t-on ?

crespo.

Y pensez-vous ?

l’étincelle.

Nous préludons, puisque nous allons chanter.

Ils sortent.

Scène III.

La maison de Crespo.
Entre JUAN.
juan.

Depuis que j’ai blessé le traître, et que j’ai été obligé de m’enfuir à l’arrivée de ses nombreux complices, j’ai parcouru toute la forêt et sans pouvoir trouver ma sœur ; et c’est pourquoi je me suis décidé à revenir au village et à rentrer dans la maison, où je raconterai

  1. No sois page de gineta ?
    — No, señor, sino de brida.

    Les capitaines d’infanterie avaient un page qui portait leur gineta, lance courte et élégante, insigne de leur grade. — Nous n’avons pas besoin de dire que l’Étincelle s’amuse.