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DE MAL EN PIS.

celia.

Eh bien ! tu sauras que nous sommes allées ensemble… — Mais nous parlerons après ; j’entends du bruit.

nice.

Ciel ! des alguazils qui amèment une dame ! N’est-ce pas elle ?

celia.

Tais-toi, Nice ; pas d’imprudence.


Entrent DEUX ALGUAZILS ; ils conduisent LISARDA, qui a le visage recouvert de sa mante ; des domestiques les suivent.
nice, à part.

Dieu me protège ! c’est elle.

premier aguazil.

Avertissez madame votre maîtresse que nous venons chargés d’un message de la part de monseigneur le gouverneur, et que nous demandons la permission de parler a elle.

celia, à part.

Il importe de dissimuler. (Haut.) Madame est indisposée… elle a la migraine… impossible que vous entriez lui parler. — Je ferai la commission.

l’aguazil.

Monseigneur le gouverneur la prie de tenir compagnie à cette dame, de la fêter de son mieux, et de se féliciter d’avoir trouve une aussi bonne amie.

celia.

Soyez tranquille, je lui dirai cela dans les mêmes termes

deuxième aguazil.

Écoutez à part. Cette dame doit être ici prisonnière ; vous veillerez sur elle.

celia.

Je n’y manquerai pas.

Les alguazils et les domestiques sortent.
lisarda.

Sont-ils partis ?

celia.

Oui, madame, les voilà dehors.

lisarda.

Ôte-moi vite cette mante, Celia.

celia.

Qu’y a-t-il donc, madame ? Vous, prisonnière dans votre propre maison ! vous, établie geôlière de vous-même[1] ! Contez-moi, de grâce, cette aventure ; je meurs d’envie de la savoir.

  1. Tu de ti misma Alcaydesa.

    Calderon a composé une pièce intitulée l’Alcayde de sí mismo, le Geôlier de lui-même ou qui se garde lui-même. Peut-être fait-il ici allusion à cette pièce.