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JOURNÉE III, SCÈNE I.

ennuis de l’attente, vous serez dès ce soir l’heureux époux de ma fille.

don juan, à part.

Voilà un souci de plus.

le gouverneur, à part.

Je m’assure par là s’il a ou non des soupçons.

don juan.

Votre intention, seigneur, était de ne m’accorder cette faveur que dans quelques jours ; j’attendrai jusque là.

le gouverneur.

J’avais à terminer certains préparatifs nécessaires en pareille circonstance ; tout est prêt.

don juan, à part.

Quelle persécution !

le gouverneur, à part.

Il y a encore du pis. — Puisqu’il demande un délai, lui qui avait tant de hâte, il aura vu probablement quelque chose cette nuit. (Haut.) Si vous, don Juan, vous ne dites pas oui aujourd’hui, moi demain je dirai non.

Il sort.
don juan.

Comme il est pressé !… Mais quelle est la femme qui s’approche ?… Flerida !… Don César m’a dit que c’était pour elle qu’il était venu… Si je l’interrogeais ?..


Entre FLERIDA.
flerida.

Vous êtes bien matinal, seigneur.

don juan.

Oui, et c’est le désir de vous parler qui m’a fait lever si matin.

flerida.

Je suis à vos ordres.

don juan.

Avez-vous assez de confiance en moi pour me répondre avec sincérité ?

flerida.

Je me fie à votre loyauté entièrement.

don juan.

Vous avez raison de vous fier à moi ; car si vous êtes celle que je crois que vous êtes, vous aurez la reconnaissance de mon cœur sauvé par vous. — Déclarez-vous donc a moi sans crainte. Connaissez-vous, dites, don César des Ursins ?

flerida.

Ah ! seigneur !

don juan.

Parlez ; le connaissez-vous ?