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JOURNÉE II, SCÈNE I.

astolfe.

Je ne vous le donnerai pas.

rosaura.

Alors je le prendrai.

astolfe.

Vous ne réussirez pas.

rosaura.

Vive Dieu ! il ne tombera pas aux mains d’une autre femme.

astolfe.

Vous êtes bien impérieuse.

rosaura.

Et vous, bien perfide.

astolfe.

Assez, ma Rosaura.

rosaura.

Je ne suis point à vous ! vous mentez !


Ils luttent en se disputant le portrait.
Entre ESTRELLA.
estrella.

Astrea ? Astolfe ? qu’est ceci ?

astolfe, à part.

Ciel ! la princesse !

rosaura, à part.

Ô amour ! inspire-moi pour que je puisse avoir ce portrait. (Haut.) Si vous désirez savoir ce qui s’est passé, madame, je puis vous le dire.

astolfe, bas, à Rosaura.

Que prétendez-vous ?

rosaura.

Vous m’aviez ordonné d’attendre ici le prince Astolfe et de lui demander de votre part un portrait. Demeurée seule, et préoccupée de l’ordre que vous m’aviez donné, je me suis rappelé que j’avais par hasard sur moi un portrait. J’ai voulu le voir, pour me distraire un moment par cet enfantillage ; il m’est échappé de la main, il est tombé par terre. Le prince qui est entré en ce moment l’a relevé ; et comme sans doute il vous apportait l’autre d’assez mauvaise grâce et à contre-cœur, il aurait voulu vous donner celui-ci à la place ; mais comme c’est le mien, après avoir vainement employé la prière, je cherchais dans mon dépit à le lui arracher. Vous n’avez qu’a demander au prince ce portrait, vous verrez que c’est le mien.

estrella.

Astolfe, laissez-moi voir ce portrait.

astolfe.

Madame…