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MAISON À DEUX PORTES.

marcela.

Il n’est pas besoin de tant de réflexions. En ces sortes de choses, plus on agit promptement, mieux on réussit.

laura.

Souviens-toi, Marcela, que tu vas dans ma maison.

marcela.

Et toi, Laura, n’oublie pas que je te laisse dans la mienne.

silvia, à Celia.

Que dis-tu de tout ceci ?

celia.

Le dénouement sera — deux mariages, ou le couvent.

Marcela et Celia sortent par une porte, Laura et Silvia par une autre.

Scène II

Un jardin.
Entrent LISARDO et CALABAZAS.
lisardo.

Quel est ce papier que tu tiens là ?

calabazas.

C’est ce que ce doit être. C’est le compte exact et raisonnable de ce que vous me devez depuis que je suis à votre service.

lisardo.

À quel propos me le présentes-tu en ce moment ?

calabazas.

À propos de ce que je veux dès ce moment quitter votre service.

lisardo.

Pour quel motif donc ?

calabazas.

Pour le motif que depuis quelques jours vous êtes devenu avec moi d’une discrétion qui m’offense

lisardo.

Que veux-tu dire par là ?

calabazas.

Je veux dire que vous êtes fort dissipé.

lisardo.

Dis plutôt fort affligé.

calabazas.

Non, monseigneur, fort dissipé, et, de plus, fort discret. Jamais il n’y a eu de maître qui l’ait été plus que vous. On croirait vraiment que Calabazas n’est pas capable de garder un secret fidèlement. Vous vous promenez sans moi, vous demeurez ici sans moi, vous allez et venez toujours sans moi ; nous avons l’air aussi mal ensemble que l’argent et l’amour. S’il vient quelque femme voilée : — Sors d’ici ! si vous allez la voir : — Attends-moi ! il ne convient pas que tu m’accompagnes… Cela ne peut durer, j’ai assez de cette vie. La