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JOURNÉE II, SCÈNE I.

don félix.

Un moment ! voici encore une boîte… et dedans, un bijou entouré de diamants.

tristan.

Des diamans !… ma foi, à présent que nos chevaux s’envolent s’ils veulent !… Eh bien ! qu’est-ce que je vous disais : qu’il n’est rien tel que d’être un autre ? Don César se mordra les doigts de n’être pas venu.

don félix.

Don César n’a rien à regretter, il est heureux dans ses amours !… Mais qui peut nous envoyer cela ?

tristan.

Qui voulez-vous que ce soit, mon seigneur, si ce n’est quelque ange qui, masqué et déguisé, veut aux approches du carême enseigner aux femmes les trois plus belles vertus : se taire, donner et ne pas prendre.

don félix.

Sais-tu, Tristan ? ce sera sans doute cette femme à qui j’ai porté secours, et qui veut m’en témoigner sa reconnaissance.

tristan.

Comment, dans le trouble où elle était, aurait-elle pu apprendre et votre nom et votre demeure ?

don félix.

Que sais-je ?

tristan.

Je ne le sais pas plus que vous, mais ne vous en inquiétez pas ; l’avenir nous dira ce qui en est.

don félix.

Cache un peu ce panier, afin que personne de la maison ne le voie.

tristan.

Auparavant, seigneur, je voudrais que vous eussiez la bonté de me dire ce qui me revient pour ma part.

don félix.

À toi ?

tristan.

Certainement. N’ai-je pas, moi aussi, perdu mon cheval ?… Ne suis-je pas, moi aussi, logé dans la maison ?

don félix.

Que dit ton billet ?

tristan.

Un instant, je vais le lire. (Lisant.) « Si vous n’entendez et ne voyez tout sans parler, la récompense que vous donnera votre maître sera cent coups de bâton. »

don félix.

Voilà ta part bien indiquée !