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BONHEUR ET MALHEUR DU NOM.

tarde bien à paraître, et j’ai beau parcourir la rue en tous sens, je ne le vois point venir ; bien que j’espère de sa noblesse et de son courage qu’il ne manquera pas au rendez-vous.


Entrent DON FÉLIX et TRISTAN.
don félix.

Retourne à la maison, Tristan ; et vive le ciel ! songes-y, si tu t’obstines à me suivre ou si tu parles, tu es mort.

tristan.

Vous savez, seigneur, que je suis un modèle d’obéissance, surtout en pareille occasion.

don félix.

Eh bien ! va-t’en au plus vite.

tristan, à part.

J’ai besoin ici d’invoquer mon honneur… Que dois-je faire, lorsque je sais qu’il va se battre pour un autre, — comme si maintenant on pouvait se battre de même qu’on se marie, par procuration ? La première chose que j’ai à faire, c’est de ne pas me trouver là bas avec lui ; la seconde, c’est de raconter la chose à qui pourra l’empêcher d’aller plus loin ; — et je m’acquitterai ainsi de mes obligations.

Il sort.
lisardo, à part.

Le voilà seul. Je n’ai jamais douté de son courage.

don félix, à part.

Pour voir le lieu où il m’attend, relisons sa lettre. (Lisant.) « Bien que je pusse venger sans péril la mort de mon frère Laurencio… »


Entrent LIBIO et AURELIO.
libio.

Seigneur, un vieux cavalier voudrait vous parler, et je viens vous chercher.

lisardo.

Fâcheux contre-temps !

libio, à Aurelio.

Approchez, seigneur, car voici don Celio.

aurelio.

Embrassez-moi donc mille fois.

lisardo.

Bien que je n’aie pas l’honneur de vous connaître, je réponds avec empressement à une aussi gracieuse avance. (Bas, à don Félix.) Ne nous séparons pas.

aurelio.

Vous ne me devez pas moins.

don félix, lisant.

« … je veux me conduire le plus généreusement possible. Donc,