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JOURNÉE II, SCÈNE I.

don juan.

Qui le commande ?

mendoce.

Un homme du plus rare courage et du plus noble cœur, don Lope de Figueroa.

don juan.

On raconte mille choses de son courage et de sa brusquerie singulière.

mendoce.

Pour ceci il faut vous dire, monseigneur, qu’il est tourmenté de la goutte, et qu’il ne lui pardonne pas de gêner son activité dans le service des armes.

don juan.

Je suis curieux de faire sa connaissance.


Entre DON LOPE DE FIGUEROA.
don lope.

Vive Dieu ! de ce côté-là, du moins, je ne le cède en rien à votre altesse, car il n’y avait que le plaisir de me voir à vos pieds qui pût me faire oublier la douleur que j’éprouve à cette jambe.

don juan.

Comment vous trouvez-vous pour votre arrivée ?

don lope.

Comme un homme, seigneur, qui pour vous servir est venu de Flandre en Andalousie. Et, ma foi, puisque vous ne venez pas voir la Flandre, il faut bien que la Flandre vienne vous voir.

don juan.

Puissé-je lui rendre un jour cette visite ! — Nous amenez-vous de bons soldats ?

don lope.

Si bons, vive Dieu ! que si l’Alpujarra était l’enfer, et que Mahomet y fût le général en chef de ces démons, il n’empêcherait pas mes soldats d’y monter, excepté toutefois ceux qui ont la goutte et qui ne pourraient pas escalader les rochers. Autrement, monseigneur…

un soldat, du dehors.

Arrêtez !

garcès, du dehors.

Place, vous dis-je ! il faut que je passe.


Entre GARCÈS, portant ALCOUZCOUZ.
don juan.

Qu’est-ce donc ?

garcès.

J’étais de faction sur le penchant de cette colline, lorsque j’ai entendu du bruit parmi ces arbres. J’ai tâché de découvrir qui ce