fille, et il est à présumer que s’étant trouvé guéri peu après sa disparition, il l’aura protégée dans sa fuite. Voilà pourquoi surtout je le poursuis avec plus d’acharnement et de fureur, soit afin de rétablir mon honneur perdu, soit afin d’anéantir les coupables, si je ne puis y réussir. Et puisque maintenant rien ne vous empêche de m’assister dans mes desseins, je reviendrai vous chercher. En ce moment je vous quitte pour faire une autre démarche dont je vous instruirai plus tard, je vous le dois comme à celui qui sera désormais mon recours, mon soutien, mon asile, non pas tant peut-être à cause de la recommandation que je vous ai apportée, que par l’obligation que vous avez contractée en voyant la douleur d’un gentilhomme et les pleurs d’un vieillard.
Fut-il jamais une situation plus cruelle ?
Rappelons-nous, don Carlos, tout ce qui nous est armé.
Vous avez chez vous la dame d’un ami.
Fille d’un homme qui est venu se réclamer de moi.
Cet ami est également caché chez vous.
Pour m’aider à venger mes propres outrages,
L’ennemi que cherche don Pèdre est aussi le mien.
Et moi, au milieu de tant d’engagemens de toute espèce, je ne sais que résoudre. Je me dois à Léonor parce qu’elle est femme ; à vous, parce que vous êtes mon parent ; à don Pèdre, à cause du marquis et enfin à mon honneur, à cause de moi-même. Que faire ?
Le temps nous l’apprendra. Agissons dans chaque circonstance suivant les événemens.
C’est bien ; attendons, et nous verrons. Jusque là, demeurez caché dans ce cabinet, sentinelle de mon honneur, tandis que je vais sortir comme à l’ordinaire, afin qu’on ne soupçonne rien.
Adieu donc.
Eh bien, adieu.