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LE PIRE N’EST PAS TOUJOURS CERTAIN.

don diègue.

À merveille ! je te suis.

ginès.

Oui, vraiment, Inès, tu es charmante.

inès.

Seigneur cavalier, je crois que ma bourse vous a donné dans l’œil…

ginès.

Elle m’a paru rondelette… Mais toi !

inès.

Laissez donc ! je ne cause pas avec un homme quand je sais de quel pied il cloche[1].

Elle sort.
don diègue.

Suis-moi, Ginès.

ginès.

Moi ?

don diègue.

Oui.

ginès.

Où allez-vous ?

don diègue.

Viens, tu le verras.

ginès.

Non pas ! — Plutôt le diable m’emporte ! ainsi soit-il !… Pourquoi irais-je encore me faire enfermer ? Est-ce que vous désirez me voir sauter une seconde fois ? Eh bien ! vous me retrouverez ici dans la rue, et vous vous figurerez que j’ai sauté.

don diègue.

Je ne te croyais pas si poltron, et je vois que je ferai mieux d’aller seul.

ginès.

Ma poltronnerie n’est que de la prudence… et vous pouvez me supposer dans la maison.

Ils sortent.

Scène IV.

Le salon de don Juan.
Entrent BÉATRIX et LÉONOR.
béatrix.

Isabelle, faites placer des lumières dans l’autre salle, et vous m’y attendrez ; pendant ce temps, pour me délasser du travail, je vais me divertir un moment à la fenêtre.

léonor.

Ce que vous désirez va être fait. (À part.) Il est triste de servir,

  1. Ces paroles d’Inès sont un proverbe espagnol.