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LE PIRE N’EST PAS TOUJOURS CERTAIN.


Entre LÉONOR.
léonor.

Sous cette garantie, je sors.

don carlos, bas, à Léonor.

Ne dites pas à Béatrix que je suis ici.

léonor.

Il suffit.

béatrix.

Vous venez d’échapper à un grand danger.

léonor.

C’est là que j’ai trouvé mon salut.

béatrix.

Il a été fort heureux que la porte de ce cabinet ait été ouverte… Jamais mon frère n’y laisse la clef.

léonor.

Toute ma vie était dans cet étroit espace. (À part.) Il renferme don Carlos !

béatrix.

Léonor, puisque votre père est encore venu augmenter par sa présence les embarras où nous nous trouvions, comme si nous n’en avions pas assez, je n’en mettrai que plus de soins à l’affaire dont je m’occupais pour vous.

léonor.

Alors je vous répéterai avec plus de force encore ce que je vous disais tout à l’heure.

béatrix.

Votre conduite ressemble à de l’obstination.

léonor.

La vôtre à une injure.

béatrix.

Laissons cela. Passons dans ma chambre, et fermons celle-ci.

léonor.

Je vous suis à l’instant.

béatrix.

Ah ! don Diègue, avec quelle crainte j’attends ta visite !

Elle sort
léonor.

Carlos, puisque j’ai l’occasion de vous parler un moment, veuillez m’écouter.


Entre DON CARLOS.
don carlos.

Léonor, si le hasard même me fournit des occasions de vous rendre service, et si telle est notre destinée à tous deux, — à vous de m’offenser sans cesse, comme à moi de sans cesse vous obliger, que voulez-vous encore ?… Laissez-moi jusqu’à ce qu’il se présente quelque