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JOURNÉE II, SCÈNE II.

frédéric, tirant son poignard.

Vive Dieu ! tu vas mourir à l’instant de ma main.


Entre HENRI.
henri.

Qu’est ceci ?

frédéric.

Je veux tuer un infâme.

fabio.

Modérez-vous, seigneur.

henri.

Songez, Frédéric, que vous êtes dans le palais.

frédéric.

Laissez, — que je verse son sang impur.

henri.

Fuis donc, malheureux !

fabio.

Je ne demande pas mieux, et je le ferai lestement, comme cela m’est arrivé déjà bien des fois. — Ah ! que votre altesse est bon enfant !

Il sort.
henri.

D’où vient donc, Frédéric, que vous êtes ainsi tout bouleversé ? Quel en est le motif ?

frédéric.

C’est que je suis trahi. La duchesse sait que je ne me suis pas absenté.

henri.

Par qui l’a-t-elle appris ?

frédéric.

Il n’y a que vous, moi et ce valet qui le sachions.

henri.

Est-ce qu’elle vous l’a dit ?

frédéric.

Elle ? non ; elle a trop d’esprit, et elle fait semblant de l’ignorer.

henri.

Peut-être que la personne qui vous l’a dit l’a-t-elle inventé ?

frédéric.

Pour cela, non ; car c’est la personne la plus intéressée.

henri.

Elle peut avoir été trompée ?

frédéric.

C’est impossible. Aussi je ne vois d’autre conduite à tenir que de me soumettre à mon malheur et de lui avouer la vérité.

henri.

Bien que je dusse lui paraître le plus coupable et m’attirer sa