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LE SECRET À HAUTE VOIX.

fabio.

C’est qu’il s’est en allé.

la duchesse.

Où cela ?

fabio.

À Agéré, je présume.

la duchesse.

Je ne te comprends pas.

fabio.

Je parlerai clairement à votre Macarandon, pourvu que vous m’en récompensiez.

la duchesse.

Je ne veux rien savoir. C’est assez d’avoir vu que j’ai un nouveau sujet de chagrin.

fabio.

Comment donc !… et de quoi alors me servirait-il de l’avoir épié toute la journée ?

la duchesse.

Laisse-moi, te dis-je.

fabio.

Eh bien ! je ne vous demande rien, je vous le conterai gratis.

la duchesse.

Je ne me soucie pas de t’entendre.

fabio.

Mais songez donc que si je garde mon secret, je crève. Je vais chercher quelqu’un à qui dire que mon maître doit s’échapper cette nuit.

la duchesse.

Arrête, que dis-tu ?

fabio.

Rien, madame.

la duchesse.

Attends, et confie-moi cela.

fabio.

Je ne veux plus.

la duchesse.

Prends ce diamant, et parle.

fabio.

Eh, mon Dieu ! peste des cérémonies ! — Je suis valet, vous êtes femme ; je meurs d’envie de parler, vous mourez d’envie de savoir… Eh bien ! vous saurez que mon maître et sa dame se proposent cette nuit…

la duchesse.

Achève.