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LE SECRET À HAUTE VOIX.

vous voir ; et oui, parce que vous étant là, Frédéric ne s’apercevra pas de mon absence.

arnesto.

Adieu, donc.

Henri sort.
frédéric.

Maintenant que nous sommes seuls, avez-vous quelque ordre à me donner ? Que regardez-vous de tous côtés ?

arnesto.

Je regarde où il y aurait un siège pour m’asseoir, car je suis brisé de fatigue. — Allons, asseyons-nous.

Ils s’asseyent.
frédéric, à part.

J’enrage ! moi qui suis si pressé ! et celui-là qui vient avec son flegme !

arnesto.

Quelles ont été vos distractions tous ces soirs passés ?

frédéric, à part.

J’en ai une agréable aujourd’hui ! (Haut, se levant.) J’ai l’habitude d’aller au palais. Si vous voulez, partons. J’aurai l’honneur de vous reconduire chez vous.

arnesto.

Plus tard, plus tard… Il est encore de bonne heure

Il le fait asseoir.
frédéric.

Comment ! il est de bonne heure ? (À part.) Ah ! Laura, vous perdrai-je donc aujourd’hui ?

arnesto.

Jouez-vous au piquet ?

frédéric, à part.

Quel sang-froid ! et moi qui suis au désespoir ! (Haut.) Non, seigneur.

arnesto.

Comme j’ai tant fait que de sortir, et que je m’en trouve bien, je ne veux pas rentrer de sitôt.

frédéric, à part.

Ce ne serait pas trop tôt. (Haut.) Je voulais m’en aller parce que la duchesse m’a donné aujourd’hui des dépêches qui m’occuperont au palais toute la nuit.

Il va pour se lever, Arnesto le retient.
arnesto.

Eh bien, nous irons ensemble, je vous aiderai, j’ai une superbe écriture.

frédéric.

Je ne voudrais pas vous donner un pareil ennui.

arnesto.

Ce ne serait pas un ennui, mais bien un plaisir.