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JOURNÉE I, SCÈNE II.

doute : mais en entendant le cliquetis des épées, il m’est venu à la pensée que c’était lui peut-être qui se battait pour moi. Combien j’ai été sotte de l’exposer ainsi !… Mais, dans le trouble où j’étais, une pauvre femme ne songe pas à ce qui peut arriver.

isabelle.

J’ignore si c’est que le cavalier a arrêté votre frère, mais enfin nous n’avons plus été suivies.

angela.

Silence, écoute !


Entre DON LOUIS.
don louis.

Angela ?

angela.

Mon frère et seigneur, vous paraissez troublé, inquiet… Que vous est-il arrivé ? Qu’avez-vous ?

don louis.

Aucun homme d’honneur, à ma place, ne serait content.

angela, à part.

Hélas ! je n’en puis plus douter, don Louis m’aura reconnue.

don louis.

Et je voudrais que l’on eût pour vous plus d’égards.

angela.

Vous a-t-on donné quelque ennui ?

don louis.

Oui, et en vous voyant, mon chagrin augmente encore.

isabelle, à part.

Voilà qui va mal.

angela.

Mais, mon frère, moi, en quoi puis-je être cause… ?

don louis.

Vous même, ma sœur.

angela.

Hélas !

don louis.

Et quand je vois don Juan vous traiter si légèrement…

angela, à part.

Je n’y comprends plus rien.

don louis.

Lui, dans la situation où vous êtes, vous donner encore des ennuis… Mais en vérité, je vous ai en quelque sorte vengée par avance de notre hôte. Sans le connaître, je lui ai fait une blessure dont il se souviendra.

angela.

Et comment ?

don louis.

Je suis entré à pied sur la place du palais, et j’ai poussé jusqu’à