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LOUIS PEREZ DE GALICE.

louis.

Qu’est-ce donc, messieurs ? que cherchez-vous ?

le corrégidor.

Don Alonzo de Tordoya n’est-il point passé par ici en fuyant ?

louis.

Il doit être maintenant sur le pont ; il semblait que le vent lui eût prêté ses ailes.

le corrégidor.

Suivons-le.

louis.

Attendez, seigneur.

le corrégidor.

Et pourquoi voulez-vous que j’attende ?

louis.

Tenez, seigneur corrégidor, vous avez fait toutes les diligences auxquelles votre charge vous oblige. Ne poursuivez pas ce cavalier avec tant de rigueur ; la justice doit avoir aussi sa générosité.

le corrégidor.

Je ne puis m’arrêter à vous répondre ; il faut que j’aie don Alonzo.

louis.

Écoutez un mot, de grâce.

le corrégidor.

Vous voulez me retenir, je le vois.

louis.

Si vous n’êtes pas détourné de suivre vos projets par les convenances, par mes prières, une fois que vous n’y renoncerez que par force, je ne vous en aurai pas d’obligation.

le corrégidor.

Et comment y serai-je forcé ?

louis.

À coups d’épée. Je me suis promis de défendre ce passage, et je ne veux pas me manquer de parole. Vive Dieu ! que pas un de ceux, qui sont ici présents ne s’avise de franchir cette ligne.

Il trace une raie avec son épée.
le corrégidor.

Tuez le.

louis.

Doucement, s’il vous plaît.

le corrégidor.

Tuez-le !

un alguazil.

Mort à Louis Perez !

louis.

Canailles, vils animaux, poules mouillées ; tenez, voilà comme je meurs !