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L’ESPRIT FOLLET.

isabelle.

Quelle situation !

béatrix.

Je vais me cacher.

Elle sort.
cosme.

Voici sans doute le véritable esprit follet.

isabelle.

Venez, suivez moi.

cosme.

J’obéis.

Ils sortent.


Entre DON LOUIS.
angela.

Que venez-vous donc chercher ici ?

don louis.

Il faut que mes chagrins viennent troubler vos plaisirs. — J’ai vu à l’entrée de cet appartement une chaise à porteurs, et comme mon frère est venu, j’ai pensé que Béatrix était de retour.

angela.

Et que prétendez-vous ?

don louis.

Logé au-dessous, j’ai cru entendre du bruit sur ma tête, et, pour m’assurer de ce qui se passe ici, je venais voir. (Il soulève une tapisserie, et voit Béatrix.) Quoi ! vous ici en effet, Béatrix ?

béatrix.

J’ai été obligée de revenir, mon père étant toujours en colère contre moi.

don louis.

Vous paraissez toutes deux troublées. (Montrant la table.) Quels sont ces préparatifs ?

angela.

Mon Dieu ! de quoi voulez-vous que s’occupent des femmes quand elles sont ensemble ?

Isabelle et Cosme font du bruit dans l’armoire.
don louis.

Et quel est ce bruit ?

angela.

Je me meurs !

don louis.

Vive Dieu ! j’ai entendu du bruit. Qui ce peut-il être ? (Il prend la lumière et écarte l’armoire pour entrer.) Malheureux que je suis ! je viens ici pour surveiller les intérêts de mon amour, et j’y trouve compromis mon honneur ! Prenons ce flambeau… quoique avec la lumière tout se retrouve, excepté l’honneur !

Il sort.