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JOURNÉE II, SCÈNE I.

bien qu’elle se trouve en ma main, cependant elle n’est pas pour vous.

don guillen.

Ne vous ai-je pas entendu vous-même lui parler pour moi ?

don lope.

Il est vrai.

don guillen.

Et aussitôt après, — bien qu’un maudit valet m’ait éloigné d’ici un moment, — n’ai-je pas entendu, juste ciel ! que moins inhumaine, moins ingrate, en témoignage que l’on travaille le diamant, que l’on ciselle le bronze et que l’on taille le marbre, — elle m’envoyait cette fleur ?

don lope.

Il est dommage que vous n’ayez pas entendu ce qu’elle a dit avant cela ; vous auriez entendu votre disgrâce.

don guillen.

Comment ?

don lope.

Je vois que vous n’avez entendu que la moitié de la conversation, et que vous n’étiez pas là lorsqu’il a été question de vous.

don guillen.

Qu’est-ce que cela signifie ?

don lope.

La réponse de doña Violante est que votre amour l’ennuie.

don guillen.

Alors à qui donc disait-elle, en vous parlant de moi, qu’elle n’est plus maintenant si insensible ?

don lope.

À moi.

vicente, à part.

Attrape !

don guillen.

À vous ?

don lope.

À moi.

don guillen.

Songez, don Lope, que vous mettez mon amitié dans la nécessité de révoquer en doute la vérité de vos paroles.

don lope.

Celui qui s’aviserait de douter de ma véracité apprendrait bientôt à me connaître.

don guillen.

Allons, don Lope, ne me faites point payer par une querelle avec vous le bonheur qui m’est venu, et donnez-moi cette fleur.

don lope.

Elle est à moi, et par conséquent je ne dois la donner à personne