Qui en cause la rigueur ?
Mon amour.
Confiez-moi ce qui vous afflige.
Ma fortune. Et ainsi je ne puis trouver ni pitié ni soulagement dans mon chagrin ; car j’ai contre moi ma disgrâce, mon amour et ma fortune.
Qui entretient votre plainte ?
Mon étoile.
Et pouvez-vous la surmonter ?
Mon étoile est tout le soleil.
Ne pouvez-vous lui faire éprouver une éclipse ?
Non, car ma lune est à mon déclin. De sorte que je ne puis conserver aucune espérance en voyant conjurer à ma perte l’étoile, le soleil et la lune.
Qui vous désole ainsi ?
Le pressentiment de ma mort.
Qui cause votre mort ?
La cruelle destinée !
Ayez plus de confiance.
Non ; le ciel l’ordonne, et ses arrêts sont sans appel, et je me résigne ; car personne ne peut vaincre la mort, la destinée et le ciel. — Mais ne m’interroge pas davantage, Elvire. Puisque don Lope est arrêté (hélas ! j’ai peine à retenir mes larmes), c’est me tuer que de me demander, comme tu fais, d’où viennent mes chagrins. Ne sais-tu pas que la prison qui le renferme, renferme pour moi — la crainte, l’ennui, le soupçon, la disgrâce, l’amour, la fortune, l’étoile, le soleil, la lune, la mort, la destinée et le ciel[1] ?
- ↑ Toute cette scène est composée de strophes qui sont particulières à la poésie espa-