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JOURNÉE II, SCÈNE I.

autres. Et c’est pourquoi dès que tu auras mis le pied sur les terres du roi, tu verras celui qui aujourd’hui te délivre et te protège te poursuivre et te tuer. Maintenant tu peux partir, tu es libre.

léonor.

Non, attends. Moi je ne t’ai point donné de parole, et je puis poursuivre ma vengeance.

l’amiral.

Arrêtez, ma nièce ; songez que je le défends. (À don Alonzo.) Eh bien ! qu’attends-tu ? Pars donc, tu es libre.

don alonzo.

Je veux embrasser vos genoux, touché jusqu’à l’âme de tant de générosité.

l’amiral.

Tu me remercieras lorsque mon épée t’ôtera la vie.

don alonzo.

Oui, certes ; car je ne puis rien désirer de plus glorieux que de périr d’une si noble main.

léonor.

Je meurs de douleur.

l’amiral.

Je suis au désespoir.

Il sort avec Léonor.
don alonzo.

Eh bien ! que dis-tu de tout ceci, Louis Perez ?

louis.

Notre situation s’est améliorée. Qu’il nous laisse sortir de ses mains comme il l’a promis, et ensuite bien malin sera qui nous attrapera[1].



JOURNÉE DEUXIÈME.


Scène I.

Campagne près San-Lucar[2].
Entrent MANUEL et DOÑA JUANA, en habits de voyage.
manuel.

Jamais un mal ne vient seul.

  1. Que una vez allá, verémos
    Quien se lleva el gato al agua.

    Littéralement : Et une fois là, nous venons qui portera le chat à la rivière. Expression proverbiale pour indiquer une entreprise difficile.

  2. San-Lucar de Barrameda est un port de mer situé en Andalousie, à l’embouchure du Guadalquivir.