Je la lui porterai. Je veux donner l’exemple de l’obéissance.
Allons les cueillir.
Ne faites plus de cérémonies avec moi. Nos peines sont égales. Et puisque, — soit aujourd’hui, soit demain, — la mort doit nous égaler tout à fait, la sagesse veut qu’on ne laisse aujourd’hui rien à faire pour demain.
Tu as dit qu’on me portât des fleurs ?
Vos ordres sont exécutés.
J’ai désiré voir des fleurs pour me distraire.
Quoi ! madame, vous demeurez sans cesse dans la même mélancolie ?
D’où viennent vos ennuis ?
Ce que j’ai vu n’était point un songe, c’était la réalisation de mon malheur. — Lorsqu’un infortuné rêve qu’il possède un trésor, je le sais bien, Zira, son bonheur, son bien n’est qu’un songe ; mais s’il rêve une aggravation à sa disgrâce, il trouve à son réveil que c’était bien la vérité. — De même, mon malheur à moi n’est que trop certain.
Et que restera-t-il pour le mort, si vous vous affligez ainsi ?
Hélas ! oui, — quelle destinée est la mienne !… Quel plaisir pourrait goûter une malheureuse femme qui doit être le prix d’un mort !… Et ce mort qui sera-ce ?
C’est moi.
Ô ciel ! que vois-je ?
D’où vient votre étonnement ?
C’est votre vue… C’est votre voix