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JOURNÉE III, SCÈNE I.


Entre FÉNIX.
fénix.

Seigneur, si mon respect et ma soumission à vos volontés vous ont donné quelque affection pour moi, je viens demander une grâce votre majesté.

le roi.

Je n’ai rien à vous refuser.

fénix.

Le grand maître Fernand…

le roi.

Il suffit, c’est assez.

fénix.

Il inspire l’horreur à tous ceux qui le voient. Je voulais seulement vous prier…

le roi.

Arrêtez, Fénix, arrêtez. Qui donc oblige Fernand à chercher lui-même son mal, à courir à une mort si douloureuse ? S’il souffre un dur châtiment parce qu’il persiste obstinément dans sa foi, c’est à lui-même qu’il doit imputer ces rigueurs. Il dépend de lui seul de sortir de sa misère : il n’a qu’à me remettre Ceuta, et au même instant il recouvrera la liberté.


Entre SÉLIM.
sélim.

Seigneur, deux ambassadeurs, l’un de Tarudant, l’autre d’Alphonse, roi de Portugal, attendent que vous leur permettiez de se présenter devant vous.

fénix, à part.

Quelle peine est la mienne ! Tarudant, sans doute, envoie cet ambassadeur pour me conduire à lui.

muley, à part.

Ce moment voit détruire à la fois toutes mes espérances. Amant aussi malheureux que malheureux ami, j’ai tout perdu en ce jour.

le roi.

Qu’ils entrent. — Fénix, asseyez-vous près de moi sur cette estrade.

Ils s’asseyent. ALPHONSE et TARUDANT entrent chacun par un côté différent.
tarudant.

Généreux roi de Fez…

alphonse.

Roi de Fez, noble et vaillant…

tarudant.

Dont la renommée…

alphonse.

Dont la vie…

tarudant.

Durera toujours.