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LE PRINCE CONSTANT.

alphonse.

Puisse longtemps prospérer !

tarudant.

Et vous, aurore de ce soleil…

alphonse.

Et vous, orient de ce midi…

tarudant.

Que les temps…

alphonse.

Que les siècles…

tarudant.

Accordent à votre règne…

alphonse.

Répandent sur votre vie…

tarudant.

Toutes les félicités !

alphonse.

Les plus beaux triomphes !

tarudant.

Pendant que je parle, comment, chrétien, osez-vous parler ?

alphonse.

Parce que là où je suis personne ne doit parler avant moi.

tarudant.

En ma qualité de More, je dois être le premier. Ceux de la même race passent avant les étrangers.

alphonse.

Non pas ! et la preuve, c’est que l’hôte a toujours la première place au foyer.

tarudant.

Eh bien, vous auriez toujours tort, car c’est comme hôte qu’ici je me présente.

le roi.

Veuillez l’un et l’autre vous asseoir sur ces estrades. (À Alphonse.) Que le Portugais parle le premier… (À Tarudant.) Comme étant d’une autre race et d’une autre loi, il a droit à cet honneur.

tarudant, à part.

Quel affront pour moi !

alphonse.

Je serai bref. Roi fameux, que la renommée puisse à jamais célébrer, malgré l’envie et la mort même, — Alphonse de Portugal vous salue ; et puisque l’infant don Fernand ne veut pas consentir à être racheté au prix de Ceuta, mon roi m’a chargé de vous dire qu’il vous laissait libre d’estimer sa rançon à tout ce que peut désirer l’avarice et à tout ce que la générosité dédaigne ; qu’il vous donnera en or, en argent, en joyaux la valeur de deux villes comme celle que vous demandez. Voilà ce qu’il sollicite amiablement.