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JOURNÉE III, SCÈNE II.

vant il faut que vous veniez à Fez, pour que mes sujets aient la joie de vous voir. — Muley ?

muley.

Seigneur ?

le roi.

Prépare-toi. Tu accompagneras Fénix avec une garde nombreuse, jusqu’à ce que tu la laisses en sûreté dans les États de son époux.

Il sort avec Tarudant et Fénix.
muley.

Il ne me manquait plus que ce malheur !… Pendant mon absence personne ne donnera à Fernand les faibles secours que je lui faisais parvenir, et il sera privé de cette dernière ressource.

Il sort.

Scène II.

Une rue de Fez.
Entrent DON FERNAND, DON JUAN et d’autres Captifs. Plusieurs Captifs conduisent don Fernand et l’asseyent sur une natte.
don fernand.

Tournez-moi de ce côté pour que je puisse mieux encore jouir de la douce lumière du ciel… Ô Dieu puissant et bon ! que de grâces je dois te rendre !… Dans une situation semblable à la mienne, Job maudissait le jour, mais c’était parce qu’il avait été engendré dans le péché. Pour moi, je bénis le soleil à cause de la faveur que Dieu m’accorde en me permettant de le voir. Chacun de ses rayons brillants est une langue de feu qui célèbre la gloire de l’Éternel, et c’est par eux, Seigneur, que je te loue et te bénis.

brito.

Êtes-vous bien ainsi ?

don fernand.

Mieux que je ne le mérite, mon ami. — Combien vous avez de bontés pour moi, ô mon Sauveur ! Lorsqu’on me tire d’un cachot obscur, vous me donnez le soleil pour me réchauffer. Grâces vous soient rendues de tant de libéralité !

premier captif.

Je voudrais, seigneur, pouvoir vous tenir compagnie. Mais l’heure du travail nous appelle.

don fernand.

Adieu, mes enfants.

premier captif.

Quelle douleur !

deuxième captif.

Quelle peine cruelle !

Ils sortent.
don fernand, à don Juan et à Brito.

Vous deux vous restez avec moi ?