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ORIGINE DU COUTEAU


On y a même trouvé des blocs portant l’empreinte de rainures creusées par le frottement des éclats que Ton polissait pour former un tranchant plus fin et plus régulier, c’était le premier perfectionnement.

La Grotte du Chaffaud près Civray (Vienne), devait aussi être un centre de fabrication, car MM. Brouillet et Meillet de Poitiers, qui l’ont explorée en 1863, y ont trouvé une énorme quantité de grattoir, de couteaux et de pointes de flèches en silex. Voici l’opinion qu’ils émettent sur la fabrication de ces objets[1]; c’est d’ailleurs celle de presque tous les archéologues :

"En étudiant attentivement l’exécution de ces silex, on est vraiment étonné de l’adresse avec laquelle ces sauvages surmontaient les difficultés d’un travail aussi minutieux et qui demandait une grande pratique. L’opération devait être longue : d’abord le choix du silex, puis la préparation du noyau par pans coupés, formant des angles saillants nombreux, de façon que l’ouvrier tenant son noyau de la main gauche et un marteau en caillou de la main droite, appliquait un coup sec sur le sommet de l’arête et détachait, dans toute la longueur du noyau, une lame à deux tranchants, généralement triangulaire, dont une face droite était presque toujours concave. La lame ainsi obtenue, on la terminait ensuite, si besoin était, par des retouches plus minutieuses, jusqu’à parfait achèvement."

D’après M. H. de Saussure, le descendant du grand géologue, les Indiens d’Amérique employaient pour la fabrication des instruments tranchants, l’obsidienne, sorte de lave volcanique qu’ils tiraient de carrières situées au Mexique dans la Sierra de las Nobayas ou Montagne des Couteaux.

D’un autre côté dans les fouilles qu’il a pratiquées sur l’emplacement de Ninive, M. Place, le savant explorateur, a trouvé des couteaux en obsidienne[2].

Nous sommes donc fondé à dire que le couteau a fait son apparition avec l’homme. D’abord simple pierre taillée ou polie, il s’est modifié au fur et à mesure du développement des races humaines.

A Laugerie-Basse en Périgord, MM. Lartet et Christy ont trouvé avec des pointes de flèches et des morceaux de bois de renne plus ou moins travaillés, un poignard de même nature sur lequel est sculpté un renne ; et aussi quelques morceaux d’ivoire recouverts de dessins grossiers.

L’art commençait à poindre parmi les hommes, mais il devait s’accentuer de plus en plus par l’emploi des métaux.

Avec l'Époque du Bronze les armes et les outils se transformèrent d’une façon complète, ils furent coulés en bronze et martelés pour durcir le tranchant.

On a retiré des stations lacustres de la Suisse une grande quantité d’objets de toutes sortes et de couteaux en bronze d’un travail assez soigné; la plupart se terminent par une queue qui se plaçait dans un manche en corne de cerf ou en bois; il y en a aussi qui sont munis d’une douille. Pour leur donner plus de force ces couteaux sont généralement renflés au dos.

  1. Broulllet et Meillet. — Epoques antédiluvienne et celtique du Poitou.
  2. Louis Figuier, l’Homme primitif.