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LES BELLINI.

ment la double influence de Jacopo, dans l’ensemble de la composition, et de Mantegna, dans le type de la Vierge et le traitement des draperies. La silhouette de la Madone se détache sur le ciel, ses doigts sont particulièrement longs et fuselés. L’Enfant, joufflu et potelé, est tantôt debout, tantôt assis, tantôt couche sur la balustrade.

Toutes ces œuvres de jeunesse traduisent une singulière ferveur religieuse, aux manifestations de laquelle les récentes prédications de saint Bernard de Sienne, à Venise et à Padoue, ne furent peut-être pas étrangères.

Ce fut sous l’empire des mêmes sentiments que Giovanni exécuta, peu après, une remarquable série de Pietà. L’image du Christ mort et celle de la Madone semblent s’être partagé les pieuses émotions de sa jeunesse. Lorsque son art cède, peu à peu, à l’esprit du siècle, la figure de la Madone s’adapte à cette nouvelle tendance, mais, après 1470, les Pietà disparaissent de la liste de ses œuvres [1].

Nous avons déjà mentionné le Christ entre deux Anges du musée Correr. Le Christ entre saint Jean et la Vierge apparaît sur une grande toile conservée au palais Ducal, complètement repeinte et défigurée en 1571. On parvient pourtant à y discerner les grands traits d’une composition que Bellini reproduisit, avec tant de puissance, dans son chef-d’œuvre de la Brera (p. 85).

  1. La Mise au Tombeau des Offices étant d’une attribution douteuse.